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« La surenchère verbale antimacroniste rend la gauche inaudible »

L’usage des termes « autoritaire » pour qualifier le régime politique actuel, « tyran » ou « dictateur » à l’encontre du président de la République contribue à l’abaissement du débat, explique le politiste Philippe Marlière, dans une tribune au « Monde ». Par cette posture vitupérante, la gauche, en manque d’idées, conforte la droitisation du pays.

Publié le 15 mai 2023 à 05h00 Temps de Lecture 3 min.

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A en croire nombre de dirigeants politiques et d’intellectuels de gauche, la France serait devenue un régime autoritaire. Les comparaisons avec la situation hongroise ou russe sont devenues des lieux communs, à tel point que les médias utilisent cette terminologie sans en interroger la pertinence.

En science politique, l’autoritarisme renvoie à un régime qui limite et encadre le pluralisme politique, subordonne la justice, repose sur l’adhésion des masses à un exécutif chargé d’un projet de « régénération nationale » (contre un ennemi intérieur ou extérieur), interdit les manifestations antirégime et prend ses aises avec l’Etat de droit. Sommes-nous parvenus à ce point de négation de la démocratie en France ? Le prétendre, c’est faire preuve d’une arrogance et d’un mépris choquants à l’égard des peuples qui vivent sous un régime autoritaire.

Le passage en force de la loi sur les retraites par le biais d’artifices constitutionnels est, à bien des égards, critiquable. La gauche a raison de s’opposer à une réforme injuste qui va sanctionner les femmes, les classes ouvrières et moyennes. On peut aussi déplorer que le Conseil constitutionnel ait rendu un avis portant, non sur la constitutionnalité du texte de loi, mais sur l’opportunité ou pas de fragiliser politiquement le gouvernement.

Une république culturellement conservatrice

Emmanuel Macron, président exécré à gauche, serait, à en croire les mêmes dirigeants et intellectuels de gauche, un tyran, un dictateur, voire Caligula (selon Mathilde Panot, présidente du groupe parlementaire de La France insoumise, LFI). La détestation ou la démonisation d’opposants politiques participent de l’abaissement des débats politiques. En se concentrant sur les individus et en stimulant des affects négatifs, elles éloignent des raisonnements qui s’intéressent aux mécanismes structurels de la domination. Bref, honnir à longueur de colonnes ou de prises de parole médiatiques un président n’a rien d’émancipateur. C’est se laisser entraîner sur le terrain d’un populisme droitier et, surtout, lâcher la proie pour l’ombre.

Lire l’enquête : Article réservé à nos abonnés L’opposition, le mauvais rôle de la politique française

Affirmer cela ne revient aucunement à valider la nature peu démocratique des institutions de la Ve République, les pouvoirs incongrus du président, les violences policières, la droitisation constante du gouvernement sur les questions économiques et les libertés publiques, la banalisation du racisme dans les débats publics ou la normalisation du RN. Mais si la France penche de plus en plus à droite, cela n’en fait pas, à l’heure actuelle, un régime similaire à ceux d’Orban ou de Poutine.

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